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Observatoire des marchés L’Union européenne au régime sans seigle

Avec une production au plus bas, le seigle contribue à la pénurie de céréales fourragères dans l’UE, sur fond de prix en forte hausse.

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Chronique d’une pénurie annoncée ? Confrontée à l’érosion de ses surfaces depuis 2013, la production européenne de seigle a atteint son étiage en 2018-2019. La situation s’était déjà nettement tendue en 2017-2018 : en Allemagne, principal pays producteur avec la Pologne, le recul de la sole s’était accompagné de mauvais rendements, donnant le top départ de la flambée des prix, qui s’est répercutée jusqu’en France. La situation s’est encore aggravée en 2018 car, cette fois-ci, ce sont les deux moteurs du biréacteur européen qui ont subi une double avarie.

En Allemagne comme en Pologne, les semis ont été pénalisés par un automne trop humide, avant que le printemps chaud et sec ne vienne élaguer les rendements, au plus bas depuis 2011. Cette combinaison délétère se traduit par une production européenne inférieure à 6,5 millions de tonnes (Mt), un niveau historiquement bas.

Le résultat est sans appel pour le bilan européen, avec des stocks qui s’annoncent très étriqués malgré des importations inédites. Sur la base du rythme actuel, reflété par les statistiques douanières, les importations sont en effet prévues entre 300 000 et 400 000 tonnes, principalement en provenance de Russie, bien au-dessus du précédent record de 290 000 tonnes, enregistré en 2012-2013. Cela sera toutefois insuffisant pour empêcher une forte contraction de la consommation animale de seigle, accentuant la pénurie de céréales fourragères qui sévit dans le nord de l’UE, où la sécheresse a provoqué l’effondrement des récoltes de céréales à paille (favorisant une ruée sur le maïs dans les rations animales dans l’ensemble de l’UE). Ce regain de tension en blé au cours des derniers mois a contribué à refermer l’écart de prix inhabituel, qui s’était formé entre le blé et le seigle depuis juillet 2017. En décembre, le prix du seigle s’est hissé à 220 €/t en région Centre, au plus haut depuis l’été 2013, avant de corriger à la baisse.

Remontée des surfaces

Les premières perspectives pour 2019-2020 sont clairement baissières pour le seigle. La céréale a regagné du terrain dans les assolements européens à l’automne, effaçant trois années de baisse. Si la météo se montre clémente au printemps et permet aux rendements de retrouver leur niveau tendanciel, la production européenne pourrait remonter aux alentours de 8,3 Mt, redonnant de l’oxygène à un marché en apnée. Comme pour le blé, le seigle pourrait donc voir ses prix nettement reculer par rapport aux niveaux atteints en 2018-2019.

Gabriel Omnès, Tallage/Stratégie Grains

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